AGRO FORESTERIE CÔTE D'IVOIRE
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AGRO FORESTERIE CÔTE D'IVOIRE

TECK (TECTONA GRANDIS)

Présentation

Le teck est la première essence de plantation en Côte d’Ivoire. Les teckeraies couvraient près de 52 000 ha en 1998 (SODEFOR, 1998), soit la moitié des plantations forestières ivoiriennes. La Côte d’Ivoire occupe le second rang pour la superficie de plantation de teck hors-Asie, derrière le Nigéria, qui compte 70 000 ha (Béhagel, 1999). Introduit en 1927 avec des graines de provenance togolaise (Belouard, 1957), le teck gagne dès 1929 la zone de contact forêt dense-savane (Bouaké), à partir de laquelle il se répand rapidement. Des plantations villageoises de teck apparaissent en marge des reboisements coloniaux. Après l’indépendance de la Côte d’Ivoire en 1960, la Société publique de développement des plantations forestières (renommée par la suite Société de développement des forêts – SODEFOR) fut créée en 1966 dans le but de conserver et de gérer les ressources forestières du pays et promouvoir le boisement et le reboisement. Ses grands chantiers mécanisés établis dans le domaine de forêts classées de l’État, accélèrent le rythme des boisements.

Expérimenté
Fiabilité
Soutien
Prix raisonnables
Histoire

La commercialisation des billes de teck a commencé à poser un problème à la SODEFOR à la fin des années 70, lorsque le volume des éclaircies a augmenté. En effet, les débouchés nationaux pour les billes de petits diamètres étaient limités aux poteaux d’électricité et de téléphone. Or, sur ce créneau, le teck allait bientôt être concurrencé par des matériaux plus compétitifs et moins sensibles aux feux de brousse, comme le béton et l’aluminium. De plus, au cours de ces 30 dernières années, la consommation intérieure de bois n’a cessé de décroître, alors que l’industrie du bois, dominée à 85 pour cent par des sociétés étrangères (OIBT, 1998), s’est fortement orientée vers l’exportation. Les prix ne sont pas différenciés sur le marché intérieur, et le teck s’est cantonné à une valeur marginale comme bois de feu sur les marchés urbains proches des centres de production. Les populations locales ont, de leur propre chef, développé des utilisations ligneuses et non ligneuses variées du teck (Maldonado et Louppe, 1999). Les plus importantes sont l’utilisation de bois rond (perches, piquets et poteaux) pour la construction et les usages agricoles et domestiques (utilisation des feuilles pour emballer la viande sur les marchés, fabrication de teintures ou de produits pharmaceutiques [en bains pour les enfants anémiques]). Si ces produits sont encore moins rémunérateurs que les grumes de bois d’œuvre, ils ont une utilité dans la mesure où ils peuvent se substituer à des produits plus coûteux.

Commercialisation
Compte tenu des contraintes existant sur le marché intérieur et dans l’industrie du bois, des études de marché et des opérations de promotion ont été lancées dans les années 80 par le Centre technique forestier tropical et par quelques industriels pour ouvrir des débouchés aux bois de plantation (en particulier le teck, Gmelina spp. et le pin). Ces activités ont contribué à faire connaître le teck ivoirien sur le marché international. Alors que les marchés européen et américain restent globalement fidèles aux sources asiatiques d’approvisionnement (essentiellement grumes de teck), il existe une forte demande indienne de grumes de teck ivoirien, qui se développe rapidement. En l’espace de quelques années, l’Inde est devenue le client presque exclusif de la Côte d’Ivoire, absorbant 99 pour cent des grumes exportées. Le prix f.o.b. du teck ivoirien a augmenté rapidement: de 60 dollars EU par mètre carré (35 000 FCFA) en 1993, à plus de 300 dollars EU par mètre carré (160 000 FCFA) fin 1997 (figure 3) (Maldonado, 1999). Les exportations de grumes de teck représentent un marché très rémunérateur. Les volumes exportés fluctuent en accord avec les prix sur le marché international; ainsi, ils ont augmenté avec la montée des prix en 1996 et 1997 et se sont contractés avec le fléchissement des prix en 1998. La SODEFOR et les autorités forestières, favorables à ce nouveau marché, ont fait un effort particulier pour répondre à la demande indienne. La législation a été adaptée pour permettre ce négoce de grumes de teck, alors que l’exportation de bois non transformé est interdite pour toutes les autres essences. La Société d’État s’est associée avec plusieurs compagnies forestières qui cherchent à obtenir des droits commerciaux exclusifs et obtiennent de fait le contrôle stratégique et commercial du secteur.
Difficultés
On assiste à une recomposition partielle des flux commerciaux du teck, avec l’entrée en scène de nouveaux producteurs. Les pays asiatiques, en tête desquels le Myanmar et l’Indonésie, conservent le monopole d’un marché de luxe, à forte valeur ajoutée, de produits de première qualité. La croissance de ce marché est limitée par l’offre. La Côte d’Ivoire a choisi de continuer à saisir les opportunités du marché indien. La SODEFOR envisage même une intensification de la sylviculture à partir de techniques clonales (Martin, Kadio et Offi, 1999). Cette option est largement partagée par les nouveaux pays producteurs, y compris en Asie (par exemple en Malaisie). Toutefois, il semble important de mettre un bémol à cet engouement, car le bois de teck de plantation est souvent déconsidéré sur le marché international, surtout s’il est de petites dimensions (TEAKNET, 1999). La plupart des pays qui, aujourd’hui, investissent dans le teck de petites dimensions ont opté pour la transformation du teck et la commercialisation de produits finis ou semi-finis. Cependant, contrairement à ces nouveaux producteurs, les principaux planteurs africains disposent de plantations suffisamment anciennes et importantes pour pouvoir prétendre à l’accès à un marché de qualité supérieure. Pour l’instant le teck ivoirien ne bénéficie pas d’une telle image de marque sur le marché international; créer ce label de qualité semble être un des paris du XXIe siècle pour les producteurs de teck de Côte d’Ivoire (et des pays hors-Asie). En raison de la disparition des grumes de grandes dimensions issues de forêts naturelles, les industries ivoiriennes de transformation s’orientent inévitablement de plus en plus vers le travail de bois de plantation de petit et moyen diamètres. Cependant la décision prise par la Côte d’Ivoire de produire des grumes de teck de petit diamètre destinées à l’exportation risque de compromettre l’émergence à moyen terme d’une transformation locale à forte valeur ajoutée. Cela dit, l’engouement actuel pour les plantations de teck dans de nombreux pays tropicaux et l’exigence économique d’une rentabilité élevée laissent présager à moyen terme une augmentation significative de l’offre de bois de teck de petites dimensions sur le marché international, ce qui devrait «démocratiser» ce bois. Cette tendance pose la question de l’engagement ivoirien sur ce créneau, bientôt soumis à une forte concurrence.